Les ouvrages hydrauliques des Fouys (Portieux)

Ces ouvrages sont visibles le long de la piste cyclable V50 entre Vincey/Portieux et Nomexy/Châtel. Ils sont liés aux anciens aménagements d’irrigation des frères Dutac, à partir de 1820, de leur réutilisation en centrale hydroélectrique et de leurs interactions avec le canal de l’Est.

Ils sont situés entre la Moselle, ses rivières affluentes (Avière et Aubiey), le Canal des Vosges, l’écluse N°27, les 2 rigoles qui alimentent, l’une, le canal des Vosges, l’autre, l’ancien moulin et le réseau d’irrigation de la ferme du Pré Le Noyer.

Ils comprennent un barrage-seuil,  un ensemble de canaux, 2 écluses, des vannes de régulation, une rigole d’alimentation, un lac-réservoir et 2 évacuateurs de crues.

Le barrage, le seuil et la centrale hydroélectrique de basse chute, sur la Moselle, au lieu-dit des Fouys

(Source Simon Edelblutte)

Ce barrage réalisé dans les années 1840, comme plusieurs autres seuils situés entre Epinal et Crévéchamps, est lié aux importants travaux d’aménagement de la vallée de la Moselle réalisés par les frères Dutac pour endiguer les crues, colmater le fond de vallée et développer l’irrigation des prairies de la plaine alluviale. L’objectif était d’intensifier la production de fourrage par une seconde récolte de foin destiné (en période de maximum démographique) aux régiments de cavalerie de Lunéville et  Epinal.  

Dans les années 1880, après la faillite de l’entreprise Dutac, les concepteurs du canal de l’Est vont profiter et optimiser ces aménagements hydroagricoles.

En effet, le canal de l’Est a été creusé dans un fond de vallée alluvial et dans une région essentiellement calcaire. Le canal « consomme » beaucoup d’eau et son alimentation estivale est parfois difficile. Les anciens canaux d’irrigation ou de drainage sont donc devenus des canaux d’amenée ou de fuite des biefs (lors des crues), nombreux dans cette section de la moyenne vallée de la Moselle où la pente reste importante (une écluse tous les deux kilomètres en moyenne). Ils participent ainsi au fonctionnement du canal de l’Est.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seuil_(barrage)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seuil_(barrage)

https://www.france-hydro-electricite.fr/wp-content/uploads/2019/07/Brochure-petite-hydro-2018-planches.compressed.pdf

Livret pédagogique sur la petite hydroélectricité 

L’entreprise HYDRAULIQUE DES FOUYS

Cette société a été créée en janvier 1987. Elle évolue dans le secteur Production d’électricité, plus précisément dans l’activité « Energie ». L’entreprise emploie 1 personne.

La centrale hydroélectrique

Vue d’aval

Vue d’amont

Les  passes à poissons

L’écluse des Fouys N°27

L’écluse gelée à l’hiver 2021

L’ensemble des 2 groupes de vannes de régulation situé au bord de la piste cyclable :

  1. Les premières vannes situées dans la berge du canal (sous la piste cyclable) que l’on voit débiter) permettent de réguler le niveau du canal et servent de trop-plein en période de pluies abondantes.
  2. Les deuxièmes, perpendiculaires à la piste cyclable, situées sous la passerelle métallique, ont deux fonctions. Elles permettent de réguler :
  3. l’alimentation du canal (depuis la Moselle) en période de sécheresse,
  4. l’alimentation du canal d’amenée au moulin et aux prairies de la ferme du Pré Noyer.

En aval, sur la photo, ci-dessous, on aperçoit les 2 canaux :

  • La rigole d’alimentation du canal des Vosges (sur la gauche de la photo) qui passe sous la piste cyclable
  • Le canal d’amenée à la ferme du Pré Le Noyer (sur la droite de la photo). Ce canal alimente les petits canaux d’irrigation des prairies aménagées par les Frères Dutac en 1828 ainsi qu’un moulin équipé d’une turbine hydroélectrique (Cf. photos suivantes)

 
Les frères Dutac dans les années 1828 expérimentent la production de cultures fourragères irriguées dans les prairies dans la moyenne vallée de la Moselle  (Source Simon Edelblutte)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Dutac
« En 1828, l’idée de Pierre et d’Antoine Dutac, résumée de façon dithyrambique dans l’éloge funèbre figurant dans les Annales de la Société d’Emulation des Vosges, est de convertir  » des grèves arides en prairies fertiles et riantes  » (Leroy, 1849) et donc de soustraire ces terres aux caprices de la Moselle pour en faire bénéficier les agriculteurs. Pour cela, il faut d’abord contraindre la rivière, par l’endiguement, à s’écouler en un seul chenal et donc faire disparaître les nombreux bras secondaires ; la largeur du lit mineur est donc ainsi réduite et cela permet non seulement de gagner des terres, mais aussi de pouvoir construire un barrage destiné à détourner l’eau de la rivière dans un canal principal d’irrigation. Cette eau, répartie sur différentes parcelles grâce à des canaux d’irrigation secondaires, permet le colmatage et le nivellement de ces terrains graveleux, ainsi que leur fertilisation. Cette irrigation par submersion devra se poursuivre en continu pendant deux ou trois ans, pour que les terres soient suffisamment colmatées et nivelées. Il faut également prévoir tout un réseau de collecteurs pour drainer l’eau en excès hors des surfaces irriguées. Enfin, pour que ces améliorations soient pérennes, il est nécessaire de les protéger de toute nouvelle crue de la Moselle : ce rôle est assuré par les digues, construites entre le lit mineur de la rivière et les prairies irriguées ….. Même s’il n’a pas touché toutes les communes de la moyenne vallée de la Moselle, cet aménagement d’envergure a, au XIXe siècle, profondément modifié le paysage, en détruisant la végétation alluviale, construisant un paysage de prairies sillonné de canaux divers, beaucoup plus ouvert qu’auparavant ».

Plan des réseaux irrigués à leur apogée, milieu XIXe S (Simon Edelblutte)

L’exemple des prairies irriguées de la ferme et du centre équestre au lieu-dit « Pré Le Noyer »

(Canaux et ancien moulin en premier plan, situés le long de la piste cyclable V 50)

Le canal d’amenée avant son partage vers le moulin et les prairies (anciens aménagements des frères Dutac)

La dérivation vers le moulin

L’ancien moulin équipé d’une turbine hydroélectrique (en projet de restauration)

Les canaux d’irrigation et de drainage des prairies : anciens aménagements des frères Dutac

Les ouvrages complémentaires d’alimentation et de régulation des canaux d’irrigation de la ferme du Pré Le Noyer à l’écluse 28 de Portieux

Autres ouvrages de régulation, situé le long de la piste cyclable.

Il s’agit  des régulateurs de crues du ruisseau d’Aubiey. Ils sont constitués d’une digue-barrage située en amont de la voie ferrée, d’un bassin de rétention, d’une vanne d’évacuation automatisée et d’un passage sous la voie ferrée.

La piste cyclable traverse également 2 évacuateurs de crues du canal.

 Ils permettent  de réguler les conséquences des crues du ruisseau de l’Aubiey et de la rivière Avière.

Le pont-canal sur l’Avière

L’Avière prend sa source dans les Monts Faucilles, alimente le lac-réservoir de Bouzey qui lui-même alimente le canal des Vosges, avant de passer sous le canal (sur le territoire de la commune de Châtel) puis de se jeter non loin dans la Moselle. Cet ouvrage est un des 3 ponts-canaux du canal des Vosges avec ceux de Flavigny et de Golbey sur la Moselle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Avi%C3%A8re

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9servoir_de_Bouzey

https://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_l%27Est

Schéma de la vallée de l’Avière

La rivière Avière, longue d’environ 25km, coupe la V 50 à 2 reprises : à la sortie du lac-réservoir de Bouzey et au pont-canal de Châtel

Philippe Bonneval

Print Friendly, PDF & Email