POI Charmes, Ville d’eau : Moselle, canaux et microcentrales électriques
Le canal des grands moulins et le canal de l’Est
Cinq siècles d’évolution
Introduction et résumé
(Extraits du livre de Roland Conilleau « La Moselle et les hommes » édité par Gérard Louis)
(Extraits du livre de Roland Conilleau « La Moselle et les hommes » édité par Gérard Louis)
Découverte des ouvrages :
L’itinéraire cyclable permet de découvrir, à l’entrée de Charmes, à l’écluse N°31, un entrelacs de 4 canaux.
Il s’agit des interactions entre l’ancien canal des grands moulins qui date du Moyen-Âge, désormais enjambé par le canal de l’Est (depuis sa construction en 1882).
Ces ouvrages hydrauliques témoignent d’une ville au riche passé industriel :
Le canal des moulins
En provenant de Nancy ou Bayon, juste avant la première écluse de Charmes N°31, le cycliste aperçoit sur sa droite l’exutoire du canal des moulins.
Le parcours longera ensuite le camping, le port fluvial, l’aire d’accueil des camping-cars et le chemin arboré pour aboutir à l’écluse N°30, au barrage dit La Vanne Gon étang et au point de départ du canal des grands moulins.
Cependant, ne manquez de découvrir, en contre-bas de cette première écluse N°31, un entrelacs de canaux très intéressant à décrypter. Pour y parvenir, emprunter sur une dizaine de mètres le chemin d’accès au camping qui vous permet d’apercevoir l’écoulement du canal des grands moulins datant du Moyen-Âge (réalisé depuis un des 3 bras de la Moselle, à la hauteur de l’ancienne maison de Maurice Barrès, située entre le canal des Vosges et la route d’accès à la zone commerciale)
Il serait tentant de dire que ce canal des grands moulins passe sous le canal des Vosges. En fait c’est le canal des Vosges, construit en 1882, qui passe au-dessus du canal des grands moulins construit au XIème siècle.
Pour découvrir ce canal des grands moulins faire un léger détour d’une dizaine de mètres, à pieds, sur l’autre rive de l’écluse N°31. Vous apercevrez le tronçon de ce canal entre l’écomusée du Battant et le canal des Vosges.
Ce canal alimente ensuite une microcentrale électrique : La centrale des Pâquis construite en 2004, équipée d’une turbine Kaplan à simple réglage incliné, d’une puissance de 180kw/h. Elle remplace la centrale du Battant construite en 1894, arrêtée en 1912, lors de la mise en service de la centrale thermique de Vincey.
Cette microcentrale des Pâquis présente un bien meilleur rendement que celle du Battant notamment grâce à sa hauteur de chute de 4,50 m (au lieu de 2 m pour celle du Battant)
Cette microcentrale est privée et gérée, avec les 2 autres des « Moulins » et de la « Vanne Gon Etang » par la S.E.E.C (Société d’Energie Electrique de Charmes)
Vous serez probablement intrigué par un autre canal qui longe le camping et enjambe le canal des Moulins.
Il s’agit d’une rigole d’alimentation du canal des Vosges, construite en 1884, pour compenser la fermeture du canal des grands moulins lors de travaux et opérations d’entretien. En effet ce canal des grands moulins est un ouvrage privé. Cette rigole est alimentée par des ouvrages de régulation situés, un kilomètre en amont, au niveau du barrage de la « Vanne Gon Etang » proche de l’écluse d’entrée de Charmes N°30
Arrivé à l’écluse automatique des Moulins de Charmes N°30 , à la hauteur du totem d’information touristique, vous apercevrez à nouveau 3 canaux :
Le canal des Vosges (ancien canal de l’Est) et son écluse N°30
Deux autres canaux, alimentés par le barrage de la vanne Gon Etang, construit en 1858 pour renforcer le débit du canal des moulins afin de faire tourner les turbines des minoteries et des ateliers sur le site du Battant : Le plus important est le canal des moulins qui donne l’impression de passer sous le canal de l’Est. En fait ce canal de l’Est, construit de 1878 à 1882, enjambe cette branche du canal des moulins aménagée en 1858 depuis le barrage de la vanne Gon Etang. Il est intéressant de se rendre à pieds sur l‘autre rive de l’écluse pour en apercevoir la sortie
Le plus petit est la rigole d’alimentation du canal de l’Est construite en 1884 (à gauche sur la photo)
Avant de pénétrer dans Charmes, il est également intéressant de vous rendre à la « Vanne Gon Etang » pour apercevoir le barrage sur la Moselle et la centrale hydroélectrique construite de 1942 à 1944, modifiée en 1973 et 2003 puis entièrement automatisée en 2006. Elle produit en moyenne 1200 KW/h.
Cette centrale est équipée de 2 turbines « Kaplan » à double réglages : de l’inclinaison des pales et de l’admission d’eau.
Extraits de documents et photos de M Clément qui en assure la gestion
Ce canal des grands moulins pénètre ensuite dans Charmes où il était bordé de lavoirs. Deux lavoirs subsistent dont celui de l’aire d’accueil des camping-cars. Il fut construit en 1862, incendié en 1987 puis récemment rénové.
Le canal alimente ensuit la microcentrale du moulin construite, en 1986, à l’emplacement des minoteries. Elle est équipée d’une turbine FRANCIS à simple réglage, modifiée en 2010, d’une capacité de 70 KW/ h.
Le canal des moulins coule devant un ancien lavoir puis alimente le site « Du Battant » aménagé depuis 2002 en écomusée. Son parfait état de conservation en fait un témoin exceptionnel de l’histoire industrielle locale
L’Ecomusée du Battant
https://ecomuseedubattant.jimdofree.com/
https://www.tourisme-epinal.com/sejourner/activites/sites-de-visites/ecomusee-du-battant-1514729
Ce site « Du Battant » fut la plus ancienne industrie de Charmes : tout d’abord battant à écorces pour les tanneurs, il devient petit à petit atelier mécanique, centrale hydroélectrique et scierie.
En 1894, grâce à la réalisation de la centrale hydroélectrique du Battant, Charmes devient la 2ème ville de France à utiliser la force hydraulique pour sa production d’électricité (après la Savoie en 1892).
Les installations de distribution de l’electricité et la clientèle furent rachetées en 1912 par la Cie Lorraine d’électricité qui venait d’installer à Vincey une centrale thermique. La turbine resta la propriété du Battant.
Cependant la première génératrice a continué de produire pour alimenter les ateliers et la scierie jusqu’en 1970. Elle arrêtera définitivement en 1984. La scierie fermera en 1997.
Les 2 rives de la microcentrale alimentant les 2 turbines
La génératrice de 1894 entrainée par courroie depuis la turbine
Le tableau électrique (1894) de distribution aux secteurs publics et privés de Charmes
La scierie du haut fer Du Battant
Les investisseurs : En 1894, la famille DAZEY puis leur successeur, Michel THIEBAUT. Ce dernier a vendu à la commune de Charmes en 2014
Le canal des moulins en aval de l’écomusée du Battant, juste avant son passage sous le canal des Vosges, à l’entrée de l’écluse N° 31 de Charmes et avant sa chute dans la microcentrale des Pâquis puis dans la Moselle
En résumé : Charmes est une ville d’eau, vitrine de l’évolution du turbinage,
-La centrale des Moulins depuis 1916
-La centrale de la Vanne Gon Etang depuis 1944
-La centrale des Pâquis depuis 2004 Elle est également vitrine des droits privés et publics de propriété et de gestion des canaux (Etat et VNF pour le canal des Vosges ; privés (SEEC) pour le canal des moulins. 3 centrales sont toujours en activité : celle du Battant est un vestige du passé de 1894 à 1915.
Le département des Vosges compte environ 200 centrales hydroélectriques : celle de la Vanne Gon Etang est la troisième par ordre de production :
-Celle de Saint-Laurent à Epinal construite en 1947 de 1900 KW/h
-Celle des Fouys à Portieux
Celle de la Vanne Gon Etang à Charmes d’une puissance de 1 200 KW/h
Les 3 centrales de Charmes couvrent la totalité de la consommation de Charmes (Hors chauffage) : 1 200 KW/h pour la Gon Etang, 70 KW/h pour celle des Moulins et 180 KW/h pour celle des Pâquis.
Philippe Bonneval
