Le canal des Vosges

A partir de Méréville, les itinéraires de la boucle Nancy-Haroué et de la boucle Nancy-Charmes empruntent une nouvelle piste cyclable (tronçon de la V50 inauguré en septembre 2020), qui permet de découvrir des richesses environnementales et patrimoniales exceptionnelles le long des berges du canal de l’Est, notamment :

les paysages de la vallée de la Moselle,

la faune et la flore du canal,

la réserve naturelle de la Moselle  sauvage,

de nombreux pépiniéristes,

des sites archéologiques,

les  châteaux de Neuviller et les vestiges de celui de Bainville,

les zones d’étangs avec l’exploitation des granulats alluvionnaires,

de magnifiques circuits de randonnées pédestres, VTC et VTT notamment le circuit du Grand-Rozot

l’eau potable stockée par les alluvions dans la nappe phréatique,les ouvrages hydrauliques de navigation et de régulation de la branche Sud du canal de l’Est, appelée également canal des Vosges.

L’entrée sur la nouvelle piste cyclable s’effectue devant le centre de maintenance VNF, au lieu- dit les Turbines (Cf. précisions dans le POI Laneuville et le canal de jonction).

Centre de maintenance VNF de Méréville

https://www.vnf.fr/vnf/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_l%27Est

Le canal de l’Est est un canal français qui relie la Meuse et la Moselle à la Saône. Il commence à Givet, en Champagne-Ardenne, se confond sur 20 kilomètres avec le canal de la Marne au Rhin lors de la traversée de la Lorraine et se termine à Corre en Franche-Comté. Sa longueur totale est de 439 kilomètres dont 20 km sur notre itinéraire de Méréville à Bainville

Histoire du canal

https://www.fontenoy-le-chateau.com/histoire-et-patrimoine/naissance-canal-de-l-est/

https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1932_num_41_234_10680

La naissance du canal de l’Est remonte après la guerre de 1870. En effet, l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871 supprime 510 km de voies navigables notamment l’accès au Rhin et pousse la France à trouver une nouvelle liaison fluviale Nord-Sud dans l’Est du pays. C’est pourquoi il est décidé, en 1874, de créer une liaison Nord-Sud, de la frontière belge à Corre, sur la Saône (100 km au sud de Nancy), mettant en communication la Mer du Nord et la Méditerranée. Il est commencé en 1875, construit par l’Etat en 1881 et 1882 et mis en service en 1887.

En l’absence d’engins mécaniques motorisés tels que nous les utilisons aujourd’hui, les travaux ont nécessité l’emploi d’une véritable armée de terrassiers, carriers, maçons, recrutée sur place. Mais il est aussi fait appel à de nombreux italiens, spécialistes de la pierre et de la maçonnerie. …

Un nombre considérable d’ouvrages a été réalisé, souvent en pierres de taille : écluses, maisons des éclusiers, ponts et passerelles, aqueducs, quais pour les ports, carrières, barrages d’alimentation, biefs, chemins de halage, plantations d’arbres et aménagements de berges…

Pour mémoire c’était la réalisation d’un projet vieux de 2000 ans puisque le général romain Lucius Vetus avait déjà envisagé, sous Néron, le creusement du canal de jonction entre Moselle et Saône.

Depuis 2003, le canal change de nom en traversant les départements de Meurthe-et-Moselle (54) et des Vosges (88) où il s’appelle désormais Canal des Vosges, pour des raisons touristiques.

Entre Roville et Bainville, il  longe l’ancien canal des meuniers, sur 6 km, dont la construction est antérieure au XIII°S.

Le réseau du canal

http://projetbabel.org/fluvial/rica_est-canal.htm

Le canal de l’Est qui, avec ses 394 km, était le plus long de France, était scindé en deux parties sud et nord. Dans un but de promotion touristique, celles-ci ont été renommées respectivement « Canal des Vosges » et « Canal de la Meuse » en 2003.

  1. la branche nord, appelée Canal de la Meuse, relie Givet (ville frontalière de la Belgique sur la Meuse connue des cyclotouristes qui parcourent la Meuse à vélo) jusqu’à Toul,
  2. la branche sud, appelée Canal des Vosges, relie la Moselle à la Saône. Il double la Moselle à partir de Toul jusqu’à Corre sur la Saône, en passant par Épinal, porte des Vosges encadrée de massifs forestiers. Aux abords de Fontenoy-le-château, on traverse une très jolie région faite de falaises rocheuses au pied desquelles court le Coney, un petit cours d’eau, agrémenté de nombreux moulins. Puis, en se rapprochant de la Saône, les bois laissent la place aux prairies fleuries. Ce canal est alimenté en eau par le très beau lac réservoir de Bouzey (non loin d’Epinal) au niveau de la ligne de partage des eaux. Ces lieux sont également connus des cyclistes qui poursuivent la piste cyclable V50 jusqu’à Lyon à travers de magnifiques paysages, le long de la Saône.

A l’origine, l’extrémité du canal des Vosges était fixée à Toul (Meurthe-et-Moselle) à la cote 206,32m ; aujourd’hui elle est fixée à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle) à la cote 220 m.

Cette partie du canal comprise entre Toul et Neuves-Maisons est désormais transférée à la Moselle à grand gabarit.

. En effet, les travaux relatifs à la mise au grand gabarit de la Moselle (1964)   ont entraîné en 1980 le déclassement et la suppression du Canal de l’Est branche Sud entre Toul et Messein. (Quelques vestiges de ce tronçon subsistent, visibles le long de la piste cyclable entre Sexey et Toul)

Photos anciennes écluses

http://www.vnfnordest.fr/UserFiles/G-fiche2-moselle.pdf

http://www.vnfnordest.fr/IMG/pdf/Pages-4-7-ReseauNavigable-Ports_cle6c92cd.pdf

https://www.etudes-touloises.fr/archives/115/art5.pdf

Type de canal : Canal de jonction à bief de partage

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sch%C3%A9ma_du_canal_des_Vosges

Le canal des Vosges relie les vallées de deux bassins versants différents :

Le canal à bief de partage permet de franchir le relief qui les sépare (Monts Faucilles, derniers contreforts des Vosges qui séparent la Lorraine de la Franche Comté), et donc la ligne de partage de leurs eaux. Ce canal monte d’un côté et descend de l’autre, et est alimenté en son sommet, nommé « bief de partage » (situé  à Girancourt), par le lac réservoir de Bouzey relié au canal par une rigole d’alimentation depuis la Moselle à Saint-Remiremont.

Les canaux de jonction à bief de partage furent les premiers grands canaux construits en France (canal de Briare 1642, canal du Midi 1682, canal d’Orléans 1693, canal du Centre 1794), et on peut en être surpris car ce sont les plus difficiles à réaliser : l’alimentation en eau est le souci majeur des ingénieurs chargés de leur conception. Mais leur rôle à l’époque consistait à relier des rivières dont on s’accommodait plutôt bien des conditions de navigation (Loire, Seine, Garonne, Saône…), ce qui n’était plus le cas au début du XIXe siècle, époque à laquelle on a généralisé la construction de canaux latéraux.

Les ouvrages hydrauliques de navigation et de régulation :

Ouvrages remarquables à l’origine :

  • Rigole alimentaire du canal, dite « de Bouzey», désormais appelée CARB : Canal d’Alimentation du Réservoir de Bouzey ; (88)
  • Pont-canaux de Flavigny (54) , Châtel-sur-Moselle et Golbey (88)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont-canal_de_Flavigny-sur-Moselle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont-canal_de_Golbey#/media/Fichier:Branche_d’%C3%89pinal,_pont-canal_sur_la_Moselle_1.jpg

  • Echelle des 15 écluses de Golbey (88)
  • Ponts tournants à bras de Selles (70) et Thunimont (88)
  • Passerelle flottante de Neuviller (54), actuellement supprimée.

L’alimentation en eau du canal à partir de différents sources : le CARB, la Moselle et les ruisseaux.

  1. La rigole alimentaire du réservoir de Bouzey dite CARB

Le canal est alimenté par le réservoir de Bouzey (altitude 360 m), lui-même alimenté par une rigole qui prend son origine dans la Moselle à Saint-Etienne-Lès-Remiremont et rejoint le réservoir de Bouzey après avoir parcouru 42 kilomètres, parfois en tunnel.

La prise d’eau du canal dans la Moselle à Saint-Etienne-Lès-Remiremont.

Le profil de la rigole appelée CARB : Canal d’Alimentation du Réservoir de Bouzey

https://www.openstreetmap.org/relation/3199602

La première vanne sur le CARB, au PK 0 du canal

Ancienne carte postale du CARB à ARCHES

Reportage sur l’entretien du CARB en 2020 et le métier de dégrilleur :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/vosges/epinal/vosges-travaux-retablir-alimentation-eau-du-lac-bouzey-1798248.html

http://www.sn-nord-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/interview_CARB.pdf

Le réservoir de Bouzey

Les eaux du réservoir de Bouzey  sont retenues par une digue longue de 520 m (en crête), large à la base de 13,30 m, (46 m au niveau du terrain naturel) et 6 m  en crête. Elle est  haute de  23,40 au-dessus des fondations.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9servoir_de_Bouzey

Le réservoir  fut mis en service en 1884. En 1895, la digue s’est rompue entraînant une  catastrophe et la mort de 86 personnes.

  1. L’alimentation du canal se fait également par des prises d’eau dans la Moselle : notamment sur le versant Moselle à Épinal, Chavelot, Portieux, Charmes, Bainville, Mangonville, Flavigny.

Photo de la prise d’eau dans la Moselle,  à Epinal

Photo de la prise d’eau à Charmes au lieu-dit : La vanne Gon-Etang (Microcentrale hydroélectrique)

Photos de la prise d’eau au barrage de Bainville (54) qui alimente également le canal « des meuniers » et les 2 microcentrales de Bainville et Chaurupt avant de se jeter dans le canal des Vosges en amont de Mangonville (54).

La microcentrale de Bainville au bord de la piste cyclable à 500 m en aval du barrage, sur le canal des meuniers parallèle au canal des Vosges

En aval de Bainville à 1 000 m, l’arrivée du canal des meuniers à 2ème la microcentrale de Chaurupt

La confluence du canal des meuniers et du canal des Vosges, à 500 m, en aval de la microcentrale de Chaurupt et en amont de Mangonville

Alimentation également par  des ruisseaux dont Le Sept-Pécheurs,  Le Coney et autres petits ruisseaux, surtout l’hiver.

Le Coney  à Fontenoy

Le Coney proche du canal

Ruisseau d’Aubiey entre Vincey et Châtel (Hiver 2021)

Les 2  déversoirs de crues entre Vincey et Châtel en février 2021

La prise d’eau au niveau du barrage sur la Moselle entre Vincey et Châtel (Février 2021)

Les vannes de régulation du canal et de la prise d’eau au niveau de l’écluse des Fouys entre Portieux et Châtel

Les écluses :

Sur ses 122 km, le  canal des Vosges compte 93 écluses d’un gabarit (L x l) de 38,50 m x 5,10 m, d’un tirant d’eau de 1,80 m et d’une hauteur libre sous les ouvrages qui enjambent le canal de 3,45. On compte :

  • 46 écluses sur le versant Saône et
  • 47 sur le versant Moselle d’un dénivelé total d’environ 150 m.

Toutes les écluses :

https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?mid=1fAZT3zo0IrGoGlatJK2fPNWS2S0&ll=48.66673067866062%2C5.912554367936518&z=13

Schéma du canal des Vosges : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sch%C3%A9ma_du_canal_des_Vosges#Profil

Le tronçon du parcours cycliste de la V 50, le long du canal des Vosges, débute au PK 25.883 à l’Écluse n° 47 de Messein (Le PK 0 étant anciennement à Toul jusqu’en 1980, lors de la mise en service de la Moselle à grand gabarit jusqu’à Neuves-Maisons).

Photo de l’écluse de Messein

La numérotation des écluses va descendante jusqu’au bief de partage situé  juste en amont de la « chaîne » des 15 écluses de Golbey dont la dernière est l’écluse N°1 de Bois-l’Abbé sur le versant de la Moselle.

A partir du bief de Bouzey la numérotation reprend  à l’écluse n° 1 de Trusey, située à Girancourt,  pour s’achever au PK 147.353 de l’écluse n°46 de Corre-sur-Saône.

Les ponts-canaux : Le canal des Vosges est équipé de 3 ponts-canaux à Flavigny (54), Châtel-sur-Moselle (88) et Golbey (88)

  1. Le Pont-canal de Flavigny

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont-canal_de_Flavigny-sur-Moselle

2-Le pont-canal sur l’Avière entre Portieux et Châtel-sur-Moselle

3-Le pont-canal de la Côte Olie plus communément appelé Pont-canal de Golbey, sur la Moselle :

Ce pont-canal situé à la porte de garde de Golbey, à proximité de l’écluse n° 15 de la Côte-Olie, enjambe la Moselle à Golbey. Il marque l’entrée de l’embranchement du canal des Vosges, jusqu’au port d’Epinal distant de 3,35 km.

Les Points Kilométriques PK et la numérotation des écluses

Le canal est  jalonné d’anciennes bornes kilométriques en pierre.

Le point kilométrique zéro (PK 0) de la branche Sud était  situé à Toul à la jonction de la branche Nord du canal de l’Est et de la Moselle, non loin du port de Toul et de l’écluse 53.

Le point kilométrique 147 est situé, à la jonction du canal et de la Saône, à Corre.

Cependant, les nouveaux aménagements de la Moselle canalisée ont supprimé ou déclassé 6 anciennes écluses et dérivations entre Pont-Saint-Vincent et Toul. Elles sont désormais remplacées par 3 nouvelles écluses à grand gabarit sur la Moselle numérotées de 1 à 3 respectivement pour Neuves-Maisons, Villey-le-Sec et Toul.

Photos 3 écluses à grand gabarit

Le canal des Vosges débute désormais à l’écluse 47 de Messein au PK 25,883.

Ces anciennes bornes sont maintenues dans le cadre de la politique de valorisation patrimoniale et touristique du canal. L’identification des PK  est également possible à partir des pancartes éclusières. Le détail est consultable sur le site de France-écluses :

canaldesvosges129https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?mid=1fAZT3zo0IrGoGlatJK2fPNWS2S0&ll=48.66673067866062%2C5.912554367936518&z=13

Les interactions du canal du canal de l’Est avec le canal des meuniers (de Bainville à Roville)

En amont de Bainville, se trouve sur la Moselle un barrage datant de plusieurs siècles (antérieur au XIII°°S) aménagé d’une prise d’eau qui alimente le très beau petit canal dit « des Meuniers ». Il traverse en aval, sur six kilomètres, les villages de Bainville, Mangonville, Roville.

Sur ce tronçon, le cycliste longe et traverse un véritable labyrinthe de cours d’eau qui s’entrecroisent entre la Moselle, l’ancien  canal d’amenée, l’actuel canal des meuniers, le canal des Vosges, les eaux mortes,  les ruisseaux des vallées perpendiculaires à la Moselle, les évacuateurs de crues, les dérivations d’écluse, les déversoirs de régulation…

Le barrage très ancien était autrefois équipé d’un pertuis de flottage permettant le passage du bois en provenance des forêts vosgiennes.

A l’origine, ce canal d’alimentation dit des Meuniers (ou canal d’amenée), fournissait la force hydraulique à plusieurs moulins successifs :

  • A Bainville, les moulins à blé et à plâtre, (en liaison avec les gisements de gypse de Gripport et de Mangonville) puis il actionnait la turbine de la clouterie,
  • A Mangonville, le moulin de Chaud Rupt,
  • A Roville, d’anciens moulins puis ceux des usines de filature et de tissage.

Les implantations de ces moulins sont très anciennes :

  • Le moulin de Bainville date de 1204 ; il appartenait aux Bénédictins de Saint Epvre de Toul  qui en sont restés propriétaires jusqu’à la Révolution, époque à laquelle il a été vendu comme bien national à  Victoire de Mitry qui l’a vendu elle-même en 1791 à un Monsieur Gérardin. Ce site de Bainville fut choisi en 1855 par des cloutiers précédemment installés à Flavigny.
  • Les moulins de Mangonville et de Roville, qui ont appartenu, le premier aux Dames de Bouxières et le second au Chancelier de la Galaizière, ont été vendus comme biens nationaux, respectivement à Messieurs Gérardin et Bertier. Leur existence est antérieure à 1554 mais leur date exacte de construction n’est pas connue.

Au début du XIXe siècle, Antoine Bertier de Roville est propriétaire des trois moulins qu’il partage entre ses enfants en 1845.

Le 13 décembre 1844, Louis-Philippe prenait une ordonnance permettant de rétablir le barrage et réglementant la prise d’eau dans la Moselle.  Il y est fait état des moulins et à Roville, d’une meule à plâtre et d’un pilon à écorces.

Le même phénomène se produisit au début du XXe siècle pour l’implantation des tissages et de la filature de Roville (1907), la filature étant construite, comme d’ailleurs la clouterie de Bainville à l’origine, directement sur le canal d’alimentation.

La construction du canal de l’Est, en rive gauche de la Moselle, en 1881 et 1882, remit en cause ces aménagements ; le canal de l’Est coupait en effet le canal d’alimentation des établissements industriels en  plusieurs points, empêchant ainsi son maintien. Un nouveau canal d’alimentation fut donc creusé.  Une nouvelle installation hydraulique fut construite à l’aplomb de l’usine de Bainville.

Le canal des meuniers en 2020 

De nos jours, le canal  alimente deux installations hydroélectriques dont l’électricité produite est revendue à EDF :

  1. l’une à Bainville le long de la piste cyclable :

2-l’autre au moulin du Chaurupt n’est pas visible depuis la piste cyclable (sauf en hiver) mais est accessible, à partir de l’écluse de Mangonville,  par un chemin empierré, en contrebas de la piste cyclable. Il  mène à une propriété privée bien entretenue dans un magnifique havre de verdure. Il s’agit d’un très ancien moulin qui figure sur de vieilles  cartes. L’ancienne minoterie a été remplacée par une installation hydro-électrique qui fonctionne toujours et vend son électricité à EDF.

Le canal des meuniers « traverse » ensuite le canal de l’Est pour alimenter l’ancien moulin de Roville (situé sur le parking de l’actuel magasin ALDI) puis se « jette » dans le canal de l’Est à la sortie de Roville

Ancien moulin (qui ne semble plus utilisé), situé sur le parking du magasin ALDI

Canal des meuniers à la sortie de Roville et sa jonction avec le canal de l’Est

Ce canal des meuniers contribue également à la régulation des volumes d’eau du canal des Vosges.

Les interactions du canal des Vosges avec le canal des moulins à Charmes

Ce type d’interactions entre le canal des Vosges et les anciens canaux dits « des moulins » est visible de manière remarquable à Charmes. En provenant de Nancy, juste avant la première écluse de Charmes, le cycliste aperçoit sur sa droite la confluence du canal de l’Est avec l’ancien canal des moulins.

En poursuivant jusqu’à la deuxième écluse N°30, dite « Des moulins de Charmes », on découvre non seulement le panneau d’informations patrimoniales mais également un entrelacs de cours d’eau et d’ouvrages hydrauliques bien étranges qui peuvent paraitre complexes.

Il s’agit en fait d’un ensemble d’ouvrages  qui permettent de réguler les interactions entre la Moselle, l’ancien canal des moulins et le canal de l’Est, plus récent (construit en 1882).

En effet le  barrage sur la Moselle alimente à la fois,  une microcentrale dite « La vanne Gon Etang » mais également le très ancien canal des moulins qui passe sous le canal de l’Est pour irriguer le site  « Des Battants » qui fut la plus ancienne industrie de Charmes : tout d’abord battant à écorces pour les tanneurs, il devient petit à petit centrale électrique, atelier mécanique, scierie.

En 1894, grâce à la mise en place d’une centrale hydroélectrique, Charmes est la 2ème ville de France à utiliser la force hydraulique pour sa production d’électricité.

Le canal des moulins passe sous l’entrée de l’écluse du canal de l’Est ou, dit d’une autre manière, l’aménageur du canal de l’Est en 1881 a enjambé l’ancien canal des moulins.

Le canal des moulins ressurgit derrière la maison éclusière

Le canal des moulins et son lavoir dans la traversée de Charmes, en aval du château Hanus et, juste en amont du site du Battant

Le canal des moulins alimente la plus ancienne industrie de Charmes et la dernière à avoir fermé ses portes. C’est aujourd’hui l’écomusée du Battant. Durant la visite, une démonstration de ses fascinantes machines est programmée. Une turbine vous accueille à son entrée.

« Les eaux mortes »

Les « mortes » sont créées par les changements de lits de la rivière. La présence d’embâcles  ajoute à la beauté des paysages. Selon la pluviométrie et le niveau de la Moselle ou des ruisseaux adjacents, ces mortes sont parfois susceptibles de couler abondamment.

L’environnement naturel et la protection de la faune sauvage

Protection de la faune sauvage : A différents endroits, le long  de la rive du canal, des passages sont aménagés pour le gibier (Sangliers, chevreuils), en lien avec l’Office France Biodiversité comme des  « remontoirs », échelles » ou « passes à gibier » afin d’éviter les noyades.

https://www.afbiodiversite.fr/

http://www.fluvialnet.com/murmures-actualites-a-gondrexange-les-animaux-fuient-les-chasseurs-et-se-noient-dans-le-canal/9729

Les castors :

Photos prises lors d’une sortie de  nuit des randonneurs du saintois en 1997

Le long du canal le cycliste apercevra fréquemment des traces de castor qui se déplacent, la nuit, de la Moselle au canal. Le castor européen avait complètement disparu des cours d’eau et n’habitait plus à la fin du XIXe que la basse vallée du Rhône. Le village de Tonnoy a été choisi en 1982 comme site de réintroduction sur les berges de la Moselle : les quatre premiers castors s’appelaient « Ratania, Castonnoy, Martin et Murmure d’un soir ». Aujourd’hui plus de 600 castors peuplent les petites et grandes rivières de Lorraine.

Le Conseil Départemental 54 a dû réaliser des passages spécifiques sous la piste cyclable pour éviter que les griffes des castors n’érodent le remblai de la piste et n’arrachent l’enrobé.

https://www.vnf.fr/vnf/dossiers-actualitess/vnf-sinvestit-pour-la-protection-du-castor/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meurthe-et-moselle/nancy/roville-devant-bayon-passerelle-castors-eviter-accidents-route-1736363.html

Les chauves-souris :

A la sortie de Gripport, sur le chemin de halage, une ancienne maison d’éclusier est reconvertie en refuge pour les chauves-souris. La présence de deux espèces de chauves-souris est observée dans cette ancienne maison d’éclusier : le petit rhinolophe et le vespertilion. Voies navigables de France, Conservatoire des espaces naturels lorrains et  CREPESC  se sont engagés à préserver ce site, valorisé par des panneaux d’information.

https://www.cpepesc-lorraine.fr/especes-en-lorraine.html

https://www.cen-lorraine.fr/types-de-milieux/site-chauves-souris

Les oiseaux :

Une centaine d’espèces oiseaux peuple l’environnement du canal : le balbuzard pêcheur, l’hirondelle de rivage, le martin-pêcheur, le guêpier, les divers pics, le héron cendré, le petit gravelot, le chevalier lignette ……

Les poissons :

Le canal et la rivière sont très fréquentés par les pêcheurs qui y trouvent brochet, barbeau, perche, omble commun, vairon …..

La flore du canal

La renouée du Japon

Le chemin de halage est très souvent bordé par une plante envahissante, la renouée du Japon. Elle est originaire des régions d’Asie orientale où elle est réputée pour ses propriétés médicinales. Elle est apparue en France en 1939 pour ses propriétés ornementales, mellifères et fourragères. L’étymologie provient du baron von Reynoutre, naturaliste du XVIe siècle.

Elle se dissémine par multiplication végétative à partir de fragments de rhizomes et de boutures de tiges. Les stratégies de monopolisation de l’espace et des  ressources mises en œuvre par les renouées entraînent la formation d’herbiers monospécifiques, qui s’étendent rapidement, et le remplacement de la flore autochtone au niveau des zones colonisées. Cela conduit à la disparition locale des espèces indigènes en réduisant leur habitat disponible. Une berge couverte de renouées rend très difficile la réinstallation d’une ripisylve. De plus le système racinaire peu développé des renouées, en dehors des rhizomes, contribue à l’érosion des berges. Ce phénomène est accentué l’hiver lorsque les parties aériennes meurent, laissant les rives à nu. Ses couleurs éclatantes à l’automne ne doivent pas faire oublier qu’il s’agit d’une peste végétale. C’est actuellement, en France, l’espèce invasive ayant la dynamique d’extension la plus forte.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Renou%C3%A9e_du_Japon

https://blog.defi-ecologique.com/renouee-du-japon/

 VNF travaille en relation avec une fédération de pêche et d’autres partenaires pour tester différentes mesures (bâches opaques, chèvres, coupes fréquentes) et a passé un marché de fauchage annuel de coupes manuelles avec prescriptions.

Les alignements de platanes

De superbes platanes ombragent le sentier. Le tronc de certains platanes, présente parfois un épaississement important de la base sur les arbres âgés, que l’on nomme Platane à pied d’éléphant. Le phénomène s’accompagne souvent de grosses gibbosités sur d’autres parties du tronc. Ces « loupes » sont très recherchées pour l’aspect décoratif de leur bois. Elles peuvent également apparaitre sur des troncs simplement droits. Les phénomènes existent sur toutes les espèces plus particulièrement selon certains auteurs sur les sujets issus de semis. La forme du feuillage des diverses espèces est extrêmement variable selon l’origine des rameaux qui les portent : bouture ou semis, âge, vigueur ….

Maladie du chancre coloré du platane dans le Midi

https://www.vnf.fr/vnf/dossiers-actualitess/la-restauration-des-plantations-du-canal-du-midi/

Le long du canal du Midi 42 000 platanes sont menacé de disparition car touchés par un mal incurable : le chancre coloré qui parvient à tuer les platanes en seulement 2 à 5 ans, en bloquant leurs canaux de sève. Sa propagation est rapide et, malheureusement, sans remède. Il n’existe qu’une solution pour l’endiguer : abattre et bruler les arbres qui en sont atteints. VNF qui assure l’exploitation du canal s’engage dans un vaste programme de replantation en concertation avec de nombreux acteurs et l’appui d’experts scientifiques. Espérons que ce chancre ne parviendra pas jusqu’en Lorraine ?

La forêt alluviale

Elle est composée de saules, frênes, aulnes.

Autour des étangs fleurissent en mars les pruneliers, en mai les genêts et les aubépines.

Le saule fragile est présent.

Sur les sols sableux plus drainants, des espèces plus typiques des milieux secs sont visibles : le thym, la scabieuse des prés.

Dans la réserve naturelle, la flore est très variée : sur les bancs vifs ou grève, de mai à septembre, une végétation temporaire  apparaît ainsi que malheureusement des plantes vivaces envahissantes comme la renouée du Japon, l’impatiens ou balsamine.

Saxifrage granulé et balsamine ; Photos MPD

Les colchiques d’automne du côté du centre équestre du Ménil St Michel

L’activité sur le canal :

La branche sud du canal (section Messein-Corre) a connu un important trafic de transit : matériaux de constructions pierre et bois, houille, qui représentait un tonnage effectif de 737 000 tonnes en 1938. Ce tonnage tombait à 349 000 tonnes en 1949. Il est insignifiant de nos jours si ce n’est le transport de granulats vers Thaon (88), le transit debateaux de plaisance ou la location de bateau de promenade.

A l’écluse de Charmes (février 2021), péniche de transport de granulats (pour les sablières de Thaon), d’une capacité de 230 tonnes à 320 t, (selon la hauteur d’eau dans le canal ou la Moselle), pilotée par un batelier indépendant

Types de péniches et comparatif du coût des différents moyens de transport de marchandises : http://seme.cer.free.fr/plaisance/transport-fluvial.php

La vie d’antan sur le canal ; le halage :

Le halage (sur les chemins de halage) est un très ancien mode de traction des bateaux fluviaux. Le halage consiste à tirer le chaland depuis la berge au moyen d’une longue corde fixée sur un mât, dans son tiers avant, ce qui lui évite, le gouvernail aidant, de se rapprocher de la rive. Le halage peut être humain, animal ou mécanique (par tracteurs sur pneus ou sur rails). Totalement disparu en France entre 1965 et 1970.

Au début du XVIIe siècle, soit environ 150 ans avant la révolution industrielle, les moyens de transport ne peuvent faire appel pour se mouvoir qu’à la force des humains, des animaux de trait, du vent ou des courants. Sur les lacs de la région, l’utilisation de barques à voiles est très répandue. A l’intérieur des terres par contre, les nombreuses contraintes liées à la navigation fluviale rendent en général inapproprié l’usage des voiles.

C’est alors le courant de l’eau qui sert à faire avancer les barques. Dans les zones où il est trop faible, des chemins de halage sont aménagés le long des berges afin de permettre aux hommes ou aux chevaux de tracter les embarcations, guidées à l’aide d’une grande perche (la gaffe).

Bricole de halage à col d’homme

Le canal de nos jours ; gestion et entretien par VNF

Le tronçon du canal (longeant le Saintois) relève de VNF UTI d’Epinal (Unité Territoriale d’Itinéraire du Canal des Vosges) située 1 avenue de la Fontenelle à EPINAL .  

L’UTI comprend environ 75 personnes dont 25 à la base UTI d’Epinal et 50 agents de terrain dont 10 à Bouzey et les autres répartis entre les bases de Golbey et Charmes.

https://www.vnf.fr/vnf/app/uploads/2019/07/Carte_du-r%C3%A9seau_et_des_interlocuteurs_VNF_juin_2019.pdf

L’activité touristique

L’activité touristique est  liée à la navigation de plaisance, à la pêche, à  la randonnée, au cyclo-tourisme (V50 et la voie verte Charles le téméraire) qui constituent un enjeu local significatif. Les voies d’eau sont d’importants éléments de structuration des paysages et du cadre de vie. Le canal et ses abords sont un milieu vivant avec des écosystèmes spécifiques et une flore diversifiée. Le Canal des Vosges traverse des milieux naturels protégés.

https://www.sitlor.fr/photos/778/778003743_d3.pdf

L’entretien du canal a un impact positif sur les écoulements, notamment en période de crue et contribue à la limitation de l’extension des zones d’inondations de la Moselle

De Crevéchamps à Gripport, les chemins de randonnée balisés par les Randonneurs du Saintois vous offrent le plaisir de découvrir ce canal aux abords très plaisants.

Des balades en bateau sont proposées sur le canal des Vosges au départ d’Epinal et de Fontenoy-le Château :

  • Epinal pour des activités nautiques et fluviales : Canoës, kayaks, bateaux électriques de 4 à 6 places qui peuvent être loués durant 30 minutes ou une heure.  

https://www.tourisme.vosges.fr/sports-loisirs/a-leau/778000280-la-capitainerie-location-de-bateaux-epinal-epinal

  • Fontenoy-le-Château pour la découverte du paysage au fil de l’eau et l’évocation de l’histoire locale. Il y est également possible de louer des bateaux :

https://www.fontenoy-le-chateau.com/vie-locale/artisans-et-commer%C3%A7ants/croisi%C3%A8re/

https://www.leboat.fr/croisiere-fluviale/france/bourgogne/franche-comte/fontenoy-le-chateau

Les projets en cours et les perspectives à horizon 10 ans

Les projets de modernisation comprennent :

  • La gestion hydraulique notamment à travers  l’automatisation, le pilotage délocalisé et la surveillance des écluses qui permettent :
    • de moderniser les systèmes de régulation, de remplissage et de vidange des écluses
    • de réarmer les écluses
    • de surveiller par des caméras reliées au poste de Golbey.

Cette modernisation est rendue possible par la mise en place d’une fibre optique en 2020/2021 (actuellement les liaisons s’effectuent par radio mais ne permettent pas la vidéosurveillance) qui devrait être opérationnelle fin 2021.

  • traitement des berges pour assurer leur étanchéité et conserver la largeur du canal.

Les berges du canal étaient réalisées avec différents matériaux (argile mêlée de sable, ou de pierres calcaires, argile blanc) et confortées, selon les tronçons, par différents revêtements (palplanches métalliques, planche, mur maçonné en pierres, pierre,  bloc béton ….). Le remplacement des palplanches est  abandonné depuis 2010. Désormais les techniques Le d’aménagement varient selon la largeur du canal et l’impact sur la navigation. Il s’agit essentiellement d’enrochements droits ou obliques qui favorisent la biodiversité, parfois avec l’installation de boudins de coco.

D’autres techniques de protection et restauration des berges sont également expérimentées :

http://www.nordest.vnf.fr/IMG/pdf/DossierPresse-Bief41-2et3juin06_cle66861f.pdf

Les autres interventions et grand projets concernent :

  • Le  transport logistique et du fret
  • La protection de la faune en coopération avec l’Office France Biodiversité
  • L’aménagement du territoire notamment le projet de tourisme fluvestre, alliant fluvial et terrestre. Le terme fluvestre regroupe les activités sur et au bord de l’eau. La Région Grand Est s’est engagée à apporter des financements dès lors que les collectivités territoriales portaient un projet de développement cohérent pour leur territoire autour ou en lien avec la voie d’eau.

https://www.vnf.fr/vnf/des-projets-de-territoires-pour-revitaliser-les-canaux-du-grand-est/

VNF accompagne les territoires afin qu’ils tirent pleinement bénéfice de l’attractivité de la voie d’eau, en initiant des projets de développement des usages touristiques et de loisirs sur les itinéraires les plus prometteurs du réseau ou en accompagnant les projets portés par les acteurs locaux en faveur de ce tourisme éco-patrimonial.

VNF contribue également à la valorisation des maisons éclusières : une grande partie des maisons éclusières sont occupées soit par des agents de Voies navigables de France, soit par des tiers ; Pour celles inoccupées et situées sur des axes touristiques, elles représentent une opportunité de développer des produits touristiques à part entière : restauration, commerce de produits locaux, hébergement, location de matériel de loisirs (canoës, vélos…), activité associative, accueil et informations touristiques, parfois plusieurs de ces activités à la fois…

Annexe : le dictionnaire fluvial et batelier 

http://projetbabel.org/fluvial/lexique.htm

Philippe Bonneval

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