Sion et Cité des Paysages

SION

Le site de Sion avant Sion : archéologie de la Colline inspirée (Laurent Olivier) :

Rares sont en Europe les sites qui, tels celui la Colline de Sion, ont accumulé une mémoire archéologique d’ampleur plurimillénaire. Quand la fondation des villes les plus anciennes de France ne remonte pas au-delà du dernier millénaire avant notre ère, Sion est occupé depuis au moins quatre mille ans. Son destin archéologique est hors du commun : avant qu’elle ne devienne un lieu de pèlerinage à la Vierge Marie, la Colline de Sion a d’abord été le siège d’une place économique dominante de l’âge du Bronze, aux XIème Xème siècles av. J.-C., puis, à l’époque des « princes celtes » du VIème siècle av. J.-C., celui d’un puissant centre de pouvoir attirant jusqu’au cœur de la Lorraine les biens de prestige des lointaines aristocraties urbaines de Grèce et d’Etrurie. A l’époque gauloise, aux IIème et Ier siècles av. J.-C., Sion devient une des capitales fortifiées de la cité des Leuques, qu’alimente le trafic romain remontant depuis la Méditerranée par l’axe du Rhône et de la Saône.

La conquête romaine en fait une agglomération urbaine, pourvue d’un sanctuaire monumental semble-t-il dédié à Mercure et à sa parèdre gauloise Rosmerta. Pourtant, l’importance monumentale du site est désormais le masque de sa puissance déchue : démilitarisé et isolé des nouveaux grands axes de communication ouverts par l’empire romain, Sion ne sera plus qu’un centre urbain secondaire de la province de Gaule Belgique. Néanmoins, la mémoire des temps d’avant la romanisation continue à survivre dans le culte des dieux gaulois.

C’est au cours des Xème XIème siècles que l’importance économique et politique du site de Sion s’éteint tout à fait, au profit du nouveau centre qui s’établit immédiatement à ses côtés, à Vaudémont : alors que Vaudémont devient la capitale du nouveau comté qui porte son nom, Sion se vide de ses derniers habitants pour devenir un lieu de retraite et de pèlerinage, fréquenté aujourd’hui depuis au moins mille ans. Hérité du sanctuaire gallo-romain, celui-ci ne cessera jamais néanmoins de rappeler le souvenir des origines.

Sion est, à proprement parler, un lieu de mémoire majeur. Or, si Sion incarne depuis des siècles la mémoire du passé de la Lorraine, c’est non pas tant parce que les hommes en ont fait le lieu d’une commémoration : c’est parce que, d’une manière à la fois plus profonde et plus étrange, l’histoire même du lieu a produit une mémoire archéologique qui n’a jamais cessé de se transformer et d’agir dans le présent.

Sentier découverte les témoins du paysage :

http://meurthe-et-moselle.fr/sites/default/files/Page%20Service/PDF/Sentier%20d%C3%A9couverte%20de%20Sion%20-%20Les%20t%C3%A9moins%20du%20paysage.pdf

Circuit historique :

http://www.lesrandonneursdusaintois.fr/medias/files/brochure-sur-la-colline-de-sion.pdf

Accueil ; Office de tourisme :

https://www.lepredenancy.fr/fr/nous-decouvrir/colline-de-sion-vaudemont.html

Le sanctuaire marial : Basilique, Ermitage des Sœurs Clarisses, Maison ND et le magasin Horizons solidaires 

Si les pèlerins catholiques viennent se recueillir depuis quelques siècles dans ce sanctuaire marial, ce site fut depuis plus de 21 siècles un endroit choisi par la tribu gauloise des Leuques pour y implanter un important village et surtout un lieu de culte où étaient vénérés la déesse de la fécondité Rosmertha et Wotan, dieu du ciel. A l’arrivée de l’occupant romain, le site de Sion devient à la fois centre militaire et commercial. Les romains y adorent Mercure, dieu du commerce. Après la chute de l’empire romain, le christianisme arrive à Sion au Vème siècle.  A partir du VIIème siècle il est fait mention d’un ermitage puis d’une église primitive, restaurée en 973.

Le chœur actuel est construit en 1306.

La tour est réalisée en 1869 sur laquelle est hissée une statue monumentale de la Vierge dont certains pensent que la couronne aurait inspiré Robert Schuman pour créer le drapeau européen.

Un couvent érigé en 1627 par le Duc Charles IV, fut successivement animé par une communauté de Tiercelins puis après la Révolution par des prêtres des communes voisines En 1837 il fut  repris par les frères Baillard dont l’engament sur ce site est relaté dans le roman de Maurice Barrès : La colline inspirée. A partir de 1850 jusqu’en 2002 le couvent fut la propriété de la congrégation religieuse des missionnaires Oblats qui l’a vendu au Conseil départemental 54. Il est composé de 4 corps de bâtiment entourant un cloitre.

Depuis 2006, le diocèse de Nancy succède aux derniers missionnaires Oblats pour l’animation du sanctuaire marial, portée par une équipe de prêtres, laïcs et religieuses Clarisses :

-La Maison d’accueil Notre-Dame, lieu de résidence du recteur de la basilique

-L’ermitage « Rameau » de la communauté d’une dizaine de Sœurs Clarisses qui assurent une présence permanente d’accueil et de prières

-Le Magasin Horizons Solidaires qui propose des produits monastiques, alimentaires et artisanaux du réseau Artisans du Monde

-La  chapelle des lumières et  la chapelle « aux quatre vents » sur l’esplanade

-Le chemin de croix et le jardin d’Abraham

https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Notre-Dame_de_Sion

https://www.ars-sanctuaires-catholiques.fr/sanctuaire/item/54-notre-dame-sion

https://www.catholique-nancy.fr/a-votre-service/les-services-diocesains/spiritualite/lieux-daccueil-spirituel/sanctuaire-de-sion

Le chemin de ronde,  la table d’orientation, le monument Saint Joseph, les vestiges archéologiques :

Ce chemin, planté de tilleuls centenaires est long de 1 000 m. Il offre à travers des fenêtres paysagères et, depuis deux belvédères dont un équipé d’une table d’orientation, de magnifiques panoramas qui permettent d’admirer les multiples facettes du paysage, notamment les côtes de Moselle et à l’horizon celles de Meuse. Il est jalonné d’un chemin de croix original aux incrustations de vitraux réalisés par un ancien prisonnier allemand qui a consacré le reste de sa vie, au couvent de Sion, à la réconciliation franco-allemande.

Un monument, à l’Ouest, construit en 1894, est dédié à Saint-Joseph. Le long du parking et sur le sentier longeant l’hôtellerie des vestiges archéologiques témoignent de la période d’occupation romaine. Des prospections géologiques menées dans les années 2010 et des fouilles préventives réalisées ces dernières années par l’INRAP ont permis de révéler l’importance de ce site, témoin de 10 millénaires de peuplement continu.

Le monument de la Paix et l’autel de la Réconciliation :

Inauguré le 9 septembre 1973 (Centième anniversaire du traité de Francfort annexant l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne), ce monument symbolise la consécration de la colline à l’œuvre de la Paix et s’accorde avec l’ex-voto de pierre blanche « Réconciliation », scellé le même jour au-dessus de l’autel de l’Espoir, situé dans la Basilique. La symbolique de ce monument est que la fraternité entre les hommes permet la Paix sur notre planète : en effet, la pierre la pierre verticale dédiée à la PAIX doit sa stabilité à la pierre horizontale dédiée à la FRATERNITE.

La Cité des Paysages, le jardin-verger, l’abri du pèlerin, l’hôtellerie et le pavillon d’accueil de groupes :

http://www.citedespaysages.meurthe-et-moselle.fr/

En 2000 le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle s’est porté acquéreur de l’ancien couvent, pour y créer et animer une Cité des paysages. Depuis 2015, ce nouvel équipement culturel et éducatif du CD 54, présente sur plus de 800 m2 des espaces d’exposition  entièrement dédiés aux paysages et à la biodiversité. Destiné aux petits et grands, cet espace invite à découvrir les paysages qui nous entourent et les richesses naturelles qui les caractérisent. Une scénographie et des outils interactifs guident le visiteur dans cette exploration.

Le visiteur découvrira également les secrets de la colline de Sion, occupée par l’Homme depuis près de 4 000 ans, et qui abrite les célèbres « étoiles », vestiges de l’océan qui recouvrait la région il y a 200 millions d’année.

A la Cité des Paysages, tous les weekends, des activités gratuites, sont proposées afin de découvrir et de partager nos regards sur les paysages et la biodiversité (ateliers, mini conférences, sorties -découverte). La Cité des paysages, propose également des sorties-découverte dans toute la Meurthe-et-Moselle au cœur des Espaces naturels sensibles.

Pour découvrir l’espèce de chauve-souris protégée sur le site de Sion : Le Petit Rhinolophe 

https://www.cpepesc-lorraine.fr/

Retrouvez toutes les animations sur le site internet de la structure :

http://www.citedespaysages.meurtheetmoselle.fr

Les restaurants et magasins de producteurs : Le relais de la Colline et Le Domaine de Sion 

Trois restaurants et deux magasins dont un de producteurs locaux sont répartis entre Vaudémont, le site de Sion et le Domaine de Sion au pied de la colline.

La terrasse de l’hôtellerie est équipée d’un boitier contenant des prises électriques sur lesquelles les cyclistes peuvent recharger des batteries de VAE. Des sanitaires sont ouverts en permanence entre le bâtiment d’hôtellerie et le  bâtiment administratif de l’accueil du CD 54.

Le Relais de la Colline 

Le Domaine de Sion 

https://www.domainedesion.com/

L’auberge de la Colline 

https://www.facebook.com/AubergedelaColline54/

Les hébergements : Les Hauts de Sion, les chambres d’hôtes de la Cense Rouge et le pavillon d’accueil de groupes du CD 54

Deux familles de particuliers et le Conseil départemental proposent une capacité d’accueil de 113 personnes : Pavillon d’accueil de groupes et l’hôtellerie respectivement de 60 et 18 couchages

http://www.citedespaysages.meurthe-et-moselle.fr/la-cit%C3%A9-des-paysages/manger-et-dormir/pavillon-dh%C3%A9bergement

Gîte les Hauts de Sion de 24 couchages

https://www.gites.fr/gites_les-hauts-de-sion_saxon-sion_h1497634.htm

Les chambres d’hôtes de la Cense Rouge de 11 couchages

https://www.facebook.com/pages/category/Hotel/Chambres-dH%C3%B4tes-de-la-Cense-Rouge-1007790329314953/

Pour en savoir plus sur l’archéologie du site de Sion : Extraits des premières occupations du Néolithique et de l’âge du Bronze (L Olivier), complétées par la conférence de 2015 de K Boulanger (INRAP) et J Sausse (Ecole des Mines)

Les vestiges les plus anciens d’occupation continue de la Colline de Sion remontent au Néolithique. Les témoignages d’occupation les plus précoces ont été découverts remaniés en position secondaire dans des formations stratigraphiques postérieures, datant de l’âge du Fer : il s’agit en particulier de deux talons d’herminette en roche dure, l’un trouvé lors des fouilles de 1984, l’autre en 1994 dans un niveau archéologique scellé sous le rempart protohistorique, qui se rattachent à une occupation du Vème millénaire avant notre ère. Les ramassages de surface du XIXème siècle ont procuré par ailleurs des séries d’éclats de débitage ou de pointes de flèches en silex, ainsi que des haches polies en roches dures, qui attestent une fréquentation du site au moins au cours du IIIème millénaire av. J.-C. Des éléments isolés, trouvés eux aussi remaniés en position secondaire dans des niveaux stratigraphiques postérieurs, indiquent que le site de hauteur de Sion continue d’être occupé au cours de la première moitié du IIème millénaire avant notre ère. Ainsi, les fouilles préventives de 1987 ont livré une pièce en roche dure à décor de chevrons gravés, qui appartient à un type d’objet généralement interprété comme un brassard d’archer. Cette pièce d’équipement de guerrier, à valeur de signe de prestige, date du Bronze ancien.

Dans l’état actuel des données, les premiers témoignages directs de l’existence d’un habitat permanent – qui sont attestés en particulier par des restes de céramique domestique – ne semblent guère antérieurs au milieu du IIème millénaire avant notre ère, entre la fin du Bronze moyen les débuts du Bronze final. Les prospections systématiques au sol de 1985, avec les les fouilles de 1986-1987, ont révélé en particulier la présence de céramique à décor de chevrons excisés, ainsi qu’une épingle en alliage cuivreux, à tête en trompette et renflement nervuré, qui datent de cette période des alentours du XIVème siècle av. J.-C. C’est probablement dans le courant du XIIIème siècle av. J.-C. qu’un habitat organisé, apparemment d’extension assez limitée, prend son essor sur le site : cette occupation est identifiée en particulier par des productions de céramique domestique à décor de cannelures légères, qui sont caractéristiques de la période archéologique du Bronze final I.

De manière intéressante, cette première phase d’occupation reconnue à l’occasion des recherches récentes trouve sa correspondance dans la chronologie des pièces de mobilier métallique découvertes anciennement sur le site de la Colline de Sion. Les séries les plus précoces appartiennent en effet à une période située à la transition entre la fin du Bronze moyen et le début du Bronze final, vers les XIVème XIIIème siècles av. J.-C. Au Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, est conservée notamment une épée en bronze du type de Rixheim, réputée provenir de Sion. Une seconde épée de bronze, d’un type analogue, figure dans les collections du Musée des Vosges à Epinal: il s’agit d’une variante à languette étroite et à encoches latérales, dont le type est généralement dérivé des productions de type Rixheim. On notera que de tels objets de prestige sont généralement découverts dans des tombes privilégiées ou des dépôts en rivière, dans lesquels sont sacrifiées des séries de pièces d’armement.

Un centre économique et aristocratique de l’âge du Bronze

On perd la trace d’une occupation archéologique du site de Sion pour la période du XIIème siècle av. J.-C. (ou Bronze final IIa). La fréquentation de la Colline connaît ensuite une expansion spectaculaire durant les XIème Xème siècles av. J.-C., au cours desquels se met en place la culture dite des « Champs d’Urnes », qui s’étend au nord des Alpes de la vallée du Rhône aux régions du Rhin moyen et du cours supérieur du Danube. Sion constitue alors manifestement un site majeur de cette culture européenne, à en juger par la qualité exceptionnelle des pièces métalliques qui ont été recueillies sur le site. Plusieurs de ces objets sont des biens de prestige de provenance lointaine. Dans un manuscrit inédit de C. Bottin daté de 1828, est figurée ainsi une épée de bronze qui est indiquée avoir été découverte à Sion, sans doute au début du XIXème siècle. Là encore, les circonstances de découverte de cet objet exceptionnel sont malheureusement inconnues. Cette arme à poignée massive et lame pistilliforme est représentée principalement en Europe centrale et dans les Balkans, où elle est produite au Xème siècle av. J.-C. (à la période du Bronze final IIIa ou Hallstatt B1).

Au Musée des Oblats de Sion, sont conservées par ailleurs des épingles, à tête biconique ou cylindrique soulignée de filets horizontaux, qui sont caractéristiques des productions de la zone culturelle de la civilisation des Champs d’Urnes dite du « Rhin-Suisse-France orientale », aux XIème Xème siècles av. J.-C. (ou Bronze final IIb-IIIa.) Les variantes à tête cylindriques appartiennent à un type apparemment produit essentiellement en Hesse, dans la basse vallée du Main, qui a été diffusé principalement dans le Nord-est de la France. Les fouilles des années 1930 ont confirmé l’importance de cette phase d’occupation du site de Sion au Bronze final : celles-ci ont livré en particulier un important échantillon de céramique domestique caractéristique du faciès culturel du Rhin-Suisse-France orientale des XIème Xème siècles av. J.-C. 

Les recherches récentes ont permis d’établir que l’occupation du site de Sion atteint son apogée durant le Xème siècle av. J.-C. (ou Bronze final IIIa). Les fouilles de 1987, en particulier, ont mis en évidence une importante succession de niveaux d’habitat de cette période – sans doute liés à des constructions à superstructures en bois et terre – qui évoque, par sa densité, les accumulations observées dans les nouvelles zones urbaines en pleine expansion du début de la romanisation. Ces niveaux avaient scellé des sols de pièces d’habitation, reconnaissables en particulier à des foyers à sole quadrangulaire en argile modelée. La découverte de séries de trous de poteaux à calages de blocs calcaires signale quant à elle la présence de murs et de cloisons à armature de bois. Les bâtiments d’habitation du site de Sion fonctionnaient apparemment avec des activités effectuées à l’extérieur : plusieurs fosses, dont la fonction reste indéterminée, ont été observées, de même qu’un silo, destiné au stockage du grain.

Ces vestiges d’habitat domestique ont livré d’importantes séries céramiques ainsi que de nombreux témoignages d’activité artisanale. La plupart sont liés au travail de filage, dont témoignent de nombreuses fusaïoles en terre cuite. Avec elles, une alène en alliage cuivreux pourrait se rattacher au travail du cuir. Certains des objets découverts étaient d’une valeur suffisamment importante pour qu’on les enfouisse ailleurs dans des dépôts, aux côtés de pièces d’armement ou de parure en bronze : c’est le cas d’une lame de faucille découverte en 1986, d’un type à languette perforée et ergot latéral, coulée en alliage cuivreux dans un moule univalve. Ce type d’outil, qui peut être daté des XIème Xème siècles av. J.-C., se rattache à des productions surtout diffusées dans les régions de l’est du Rhin et autour des lacs suisses. L’habitat de hauteur de Sion abritait également durant cette période une activité métallurgique, que laissaient déjà entrevoir les découvertes anciennes du XVIIIème siècle: on a découvert en particulier en 1987 dans un contexte du Xème siècle av. J.-C. (ou Bronze final IIIa) un fragment de moule de bronzier en pierre, qui paraît avoir été utilisé pour la fabrication d’éléments de parure. Une partie de la population qui vivait sur la Colline de Sion au Xème siècle av. J.-C. était manifestement opulente, si ce n’est d’un statut privilégié : les niveaux du Bronze final IIIa fouillés en 1986 ont livré en particulier une petite perle en verre, matériau alors très rare et dont on ne trouve guère d’équivalents en France que sur de très grands habitats de hauteur à vocation économique, comme celui du « Fort Harrouard » à Sorel-Moussel (Eure-et-Loir), occupé à la même période que celui de Sion . De récentes analyses de composition ont montré que le verre utilisé pour la fabrication de ces perles a très certainement été importé du bassin méditerranéen. La poursuite des fouilles en 1987 a permis de découvrir une seconde perle en verre – toujours dans un contexte du Xème siècle av. J.-C. – en compagnie de deux objets en bois de cerf qui

appartiennent vraisemblablement à des mors de chevaux. Ces mors courbes, inspirés semble-t-il de pièces métalliques, apparaissent au XVème siècle avant notre ère au Proche-Orient, pour se diffuser ensuite en Europe. Ces pièces exceptionnelles sont considérées comme les indices d’un mode de vie aristocratique, la possession de chevaux étant l’apanage des élites sociales guerrières. On peut rattacher à ces mors un disque perforé découvert en 1987 dans le même contexte, et qui a été fabriqué semble-t-il dans de l’os d’élan. Cet objet rare, dont la face externe porte un décor de cercles oculés, provient très vraisemblablement d’un harnachement de cheval ; celui-ci confirme la présence d’une opulente aristocratie guerrière parmi les habitants du site de Sion à la fin du Bronze final, que laissait déjà supposer la découverte ancienne de l’épée d’origine balkanique rapportée par Bottin.

La transition avec l’âge du Fer

Le mobilier métallique recueilli anciennement à Sion indique qu’après la période d’expansion du Xème siècle av. J.-C. (ou Bronze final IIIa), l’occupation du site de hauteur s’est prolongée durant l’importante phase préparatoire au passage à l’âge du Fer, qui marque le IXème siècle av. J.-C. (ou Bronze final IIIb). Le site a fourni en particulier une série de quatre épingles en bronze à petite tête vasiforme, qui sont caractéristiques de cette séquence marquée par l’essor rapide d’une classe dominante de guerriers à épée. Un dépôt de bronzes à armement, sur la composition duquel nous savons très peu de choses, a par ailleurs été découvert dans le jardin du couvent, en 1935. C’est probablement de cet ensemble – ou en tout cas d’un dépôt analogue – que provient une pointe de lance à douille courte, dont la base est décorée de trois nervures, actuellement conservée dans la collection des Oblats de Sion. L’extrémité de la flamme a été brisée anciennement à la suite d’un ploiement de la pointe de lance : il s’agit là d’une pratique délibérée qu’on trouve attestée dans plusieurs dépôts à armement de l’extrême fin du Bronze final, comme en particulier dans celui de la « Ferme de l’Epineuse » à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) . Une autre pointe de lance, plus petite, à douille soulignée de deux nervures conservées, appartient manifestement à la même séquence typologique et doit provenir d’un contexte similaire.

Parmi le matériel métallique de l’extrême fin du Bronze final ou des débuts du premier âge du Fer qui a été découvert anciennement à Sion, figurent également plusieurs haches à douille, qui proviennent plutôt de l’ouest de la France : l’une, à tranchant incurvé, douille circulaire et anneau latéral, s’apparente aux productions du type du Plainseau, et date vraisemblablement des IXème VIIIème siècles av. J.-C. L’autre, à douille carrée et anneau latéral, appartient à un type miniature tardif (dit du type de Couville) originaire de Bretagne, qui a pu circuler au moins jusque dans la première moitié du VIème av. J.-C. De la même manière, parmi le matériel découvert anciennement à Sion, on note la présence d’une fibule italique en bronze, à arc cintré de petite taille, qui appartient au début du premier âge du Fer d’Italie du Nord et pourrait dater du VIIème siècle av. J.-C.  Cet objet d’origine italienne se rattache à une série d’importations méditerranéennes, qu’on trouve principalement associées, au nord des Alpes, à des dépôts de biens de prestige.

Un centre de pouvoir à l’époque des « princes celtes »

C’est à partir de cette séquence de transition vers le premier âge du Fer que le site de hauteur de la Colline de Sion est désormais protégé par une fortification imposante. Avant les travaux d’aménagement du carrefour de la D50e et de la D53, l’isthme de raccordement de la colline au plateau de Sion-Vaudémont était barré par un grand rempart frontal rectiligne, long d’environ 150 mètres. Il n’en reste plus actuellement qu’un chicot d’une quarantaine de mètres de longueur, dont on ne sait pas s’il était précédé originellement d’un fossé ou non. Le nettoyage de la coupe de la levée, qui atteint à cet endroit une douzaine de mètre de largeur sur une hauteur conservée d’environ 2 mètres, a permis d’identifier, en 1994, l’existence de deux remparts surimposés l’un à l’autre (remparts I et II), qui permettent de dater la fortification initiale du premier âge du Fer .

Un premier rempart (rempart I ), établi sur le sol naturel du plateau, a scellé une couche d’occupation archéologique, qui contient des vestiges d’habitat attribuables à la période néolithique et au Bronze final et dont les derniers témoins d’occupation datent du IXème VIIIème siècles av. J.-C. (Bronze final IIIb ou du tout début du Hallstatt ancien). Il en subsiste actuellement un bourrelet d’environ 8,50 m de largeur sur une hauteur préservée de l’ordre d’1,50 m. La levée est constituée d’un remblai de terre et de pierres prélevé directement sur place. Cette première fortification du site paraît devoir être attribuée à l’extrême fin de l’âge du Bronze ou au tout début de l’âge du Fer.

Dans une seconde phase, cette première levée est surélevée par un rempart à masse calcinée (rempart II). Cet aménagement consiste en un massif de chaux et d’éléments de calcaire brûlé, mêlé à des charbons de bois. L’ensemble a manifestement été calciné en place, à la suite d’une chauffe portée à haute température. Ce type de construction est connu notamment à la « Cité d’Affrique » de Messein (Meurthe-et-Moselle), où il est daté des environs du VIème siècle avant notre ère . A Sion, le rempart à masse calcinée est constitué de deux noyaux de chaux successifs. Le noyau calciné 2 a donné une date radiocarbone de 2435 +- 45 BP (Ly-8977); soit la plage chronologique 752 à 408 av. J.-C. avec un degré de fiabilité de 95 % de certitude. Deux pics de plus grande probabilité de datation sont situés autour de 700-750 et 500-400 av. J.-C. ; ce qui autorise à rattacher la construction du second rempart au courant du premier âge du Fer, probablement au cours de la période du Hallstatt récent. On notera que la partie supérieure du rempart frontal a livré des traces d’aménagements postérieurs qui peuvent se rattacher à l’oppidum du Ier siècle av. J.-C. Ces aménagements sont cependant difficiles à identifier du fait du très fort remaniement des structures à cet endroit. Ces vestiges de fortification montrent que le site de Sion est occupé durant toute la période du premier âge du Fer et au delà. Précisément, parmi les objets métalliques recueillis depuis le XIXème siècle, se remarque une série d’éléments attribuables à la fin du premier âge du Fer et au

début de la période gauloise de La Tène. Il s’agit principalement de pièces de parures isolées, qui appartiennent à une période située entre la fin du VIème et le IVème siècle avant J.-C. Dans la collection des Oblats de Sion, est conservé par exemple un bracelet filiforme à jonc à décor de groupes de nervures transversales et à fermeture à crochet, qui date de la fin du VIème siècle et qui pourrait provenir d’une sépulture. Les collections du musée des Vosges à Epinal comportent de leur côté une série de fibules, qui proviennent plus probablement de contextes d’habitat et qui jalonnent semble-t-il l’occupation du « centre de pouvoir » de Sion : le VIème siècle (ou Hallstatt récent) est représenté par une fibule à timbale hypertrophiée (de type Mansfeld P1), et les Vème et IVème siècles (La Tène ancienne) par deux exemplaires à arc en anse de panier ainsi qu’une fibule à arc surbaissé.

Il faut signaler également la présence, dans la collection archéologique des Oblats de Sion, d’objets de provenance lointaine, comme un calice étrusque en bucchero nero, dont les circonstances de découverte sont mal connues, et par conséquent sujettes à caution (fouilles de 1935-1938 ?) . Comme c’est le seul objet « étranger » associé aux séries archéologiques provenant des fouilles réalisées par les Oblats sur le site de Sion, il est assez peu probable qu’il s’agisse d’une pièce ramenée d’Italie par un collectionneur religieux. Le vase, auquel manque le pied, est décoré sous le bord de trois lignes horizontales gravées au tour : cette forme indique un type du VIème siècle av. J.-C., qui pourrait avoir été produit dans un atelier du sud de l’Etrurie. Cet objet, s’il provient bien de Sion, paraît bien confirmer le rôle de pôle économique majeur que joue manifestement le site de Sion au cours du premier âge du Fer : les recherches menées dans l’environnement proche du site ont révélé en effet la présence d’une concentration spécifique de sépultures à char, qui ont été fouillées ces dernières années dans le tumulus de « Sous le Chemin de Naviot » à Marainville-sur-Madon , ou encore dans la nécropole de tumulus de Diarville « Devant Giblot » .

Les fouilles de sauvetage urgent de 1986 et 1987 ont donné l’occasion d’observer une portion assez significative des niveaux d’occupation protohistoriques développés à l’intérieur du site fortifié, bien qu’en général les niveaux de l’âge du Bronze soient nettement mieux conservés que ceux de l’âge du Fer. Dans le secteur fouillé en 1987, les recherches ont révélé en particulier la présence de stratifications attribuables au premier âge du Fer. Les niveaux stratigraphiques encore en place ont livré de la céramique d’habitat appartenant principalement à la phase ancienne du premier âge du Fer (VIIIème – VIIème siècles av. J.-C.), qui se signale par des vases à décor graphité peint. Il est d’ailleurs possible que ce type de poterie ait été produit directement sur le site de Sion, puisqu’un fragment de graphite portant des traces d’utilisation a été découvert en 1987 mêlé aux vestiges d’habitat. Comme à la période précédente de l’âge du Bronze, les bâtiments d’habitation du début de l’âge du Fer étaient associés à des fosses éparses, qui témoignent d’activités indéterminées effectuées à l’extérieur des maisons. De la même manière, les témoins d’artisanat domestique sont dominés encore par le travail de filage, auquel se rattachent de nombreuses fusaïoles en terre cuite, de tailles diverses.

Un oppidum de la cité des Leuques

La période du IIIème siècle av. J.-C. (ou La Tène C) paraît encore mal représentée dans l’occupation archéologique de la Colline de Sion. C’est à ce moment que se situe une phase de transition majeure, qui voit l’abandon général des sites occupés depuis le début du premier âge du Fer – comme les ensembles funéraires de Marainville et de Diarville – et la mise en place de nouvelles implantations, qui se développeront ensuite jusqu’à l’interruption de la conquête romaine, dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. Contrairement à la plupart des sites du Saintois, l’habitat fortifié de Sion n’est cependant pas abandonné à la fin de La Tène ancienne : parmi les collections du Musée lorrain provenant des découvertes anciennes de Sion, se trouve un fragment de bracelet en verre bleu à décor côtelé, de type Haevernick 7a, variante 3 , qui date des environs du IIIème siècle av. J.-C.

L’occupation archéologique de la Colline de Sion connaît à nouveau une forte expansion entre le milieu du IIème siècle et la première moitié du Ier siècle av. J.-C. Jusqu’à la fouille de sauvetage de Louis Déroche de 1964, l’occupation gauloise du site de Sion n’était connue que par des nombreuses trouvailles de monnaies gauloises, dont la plupart ont été perdues. Seuls une cinquantaine d’exemplaires, découverts essentiellement au XIXème siècle , sont identifiés aujourd’hui.

La composition de ce spectre monétaire est intéressante dans la mesure où elle donne une image de la zone d’échanges dont participe le centre fortifié de la Colline de Sion durant les IIème et Ier siècles av. J.-C. Celle-ci apparaît tournée vers les peuples occupant les régions situées au débouché de l’axe du Rhône et de la Saône, au premier rang desquels les Lingons, dont le territoire s’étend sur la plus grande partie du département actuel de la Haute-Marne, et dont la capitale est Langres (Andemandunum). Parmi les peuples commerçant préférentiellement avec le centre de Sion, on trouve ensuite les Séquanes (dont le territoire correspond principalement aux département actuels du Jura, du Doubs et de la Haute-Saône) ainsi que la puissante cité des Eduens, établie au sud de la Bourgogne et dont la capitale est Bibracte, aujourd’hui le Mont-Beuvray (Saône-et-Loire). A l’inverse, on observe très peu d’exemplaires monétaires provenant des peuples occupant les régions situées au nord de la Lorraine centrale : les Médiomatriques, par exemple, qui sont immédiatement voisins des Leuques et dont la capitale est Metz, sont peu représentés, tandis que l’importante cité des Trévires est complètement absente. On notera que ce vaste espace de circulation économique, qui relie la Lorraine centrale à l’ouverture du couloir du Rhône, s’inscrit dans une zone d’échanges où les systèmes monétaires gaulois sont alignés sur la valeur du denier romain.

La composition du mobilier domestique reflète ces échanges préférentiels avec les régions méridionales de la Saône et du Rhône. Parmi la céramique d’habitat recueillie à l’occasion des fouilles de 1964, qu’a étudiée Jean-Pierre Legendre , se remarquent notamment des grands pots à cuire (dits de type « Besançon ») à décor d’incisions obliques sur l’épaulement, qui sont produits dans la vallée de la Saône entre la fin du IIème et le début du Ier siècle av. J.-C. (ou La Tène D1)  De la céramique de luxe peinte, probablement importée de la région de Roanne, parvient également jusqu’à Sion, avec des grandes coupes à décor ocelé, qui doivent dater des alentours du milieu du Ier siècle av. J.-C. (ou La Tène D2). De même, une cruche à anse tressée, découverte en 1964, appartient à un type de poterie fabriqué spécifiquement dans la vallée du Rhône.

La phase tardive de l’occupation du site, au Ier siècle av. J.-C. (La Tène D2), est marquée semble-t-il par l’arrivée importante d’importations de biens de luxe d’origine méditerranéenne. Comparativement aux autres sites majeurs de l’Est de la Gaule, le site de Sion a livré un ensemble exceptionnel de céramique campanienne, dont la plupart des fragments appartiennent aux productions dites de type B, qui sont caractéristiques des séries du Ier siècle av. J.-C. Une de ces pièces de vaisselle de luxe portait un grafitte en caractères grecs, qui nous est parvenu malheureusement incomplet, mais qui constitue néanmoins le plus ancien témoignage d’écriture actuellement attesté en Lorraine. Il doit s’agir, comme c’est généralement le cas, d’un patronyme, qui indiquait le nom du propriétaire du vase. De grandes amphores à vin, d’origine italienne, parvenaient également jusqu’à Sion en remontant le couloir du Rhône et de la Saône. La fouille de 1964, qui n’a porté que sur une surface de moins de 200 m², en a livré à elle seule les fragments d’au moins 17 exemplaires, qui appartiennent aux variantes Dressel Ia et Ib. La présence de ce type de conteneur sur les sites d’habitat de la fin de la période gauloise est considérée comme un marqueur de la présence d’une classe aristocratique importante, en général guerrière.

Le petit mobilier métallique est représenté par une série de fibules en fer et en bronze, dont plusieurs de type Nauheim. Une petite anse de passoire à vin en bronze, recueillie lors des fouilles de 1964, retient l’attention. Cet élément importé d’Italie se rattache en effet à une série de productions de luxe, qu’on trouve représentées sur les sites majeurs de la civilisation des oppida des IIème Ier siècles av. J.-C.

Un sanctuaire romanisé ?

Comparativement à la très grande quantité de vestiges gallo-romains découverts sur la Colline de Sion, nous ne savons paradoxalement que fort peu de choses sur l’occupation du site à l’époque romaine. Il est hors de doute que les constructions s’organisaient autour de un ou de plusieurs bâtiments publics monumentaux. Un fragment de lettre en bronze de grande taille déposée au Musée lorrain par le docteur Cugnien doit provenir d’une inscription monumentale, très vraisemblablement officielle. On ne sait malheureusement pas où elle a été trouvée précisément sur le plateau. Cependant, la découverte répétée de tambours de colonnes en calcaire oolithique dans le secteur du jardin du couvent incite à rechercher aux environs immédiats de l’emplacement actuel de la basilique un monument important, sans doute un temple. L’existence d’un sanctuaire gallo-romain à Sion est attestée en effet depuis la découverte, au début du XIXème siècle, d’une inscription à Mercure et Rosmerta, qui a été trouvée, d’après Bottin, « en terre, en 1817, sur l’emplacement d’un ancien cimetière » . La dédicace, due à un certain Carantus, est la suivante :

DEO.MERCVRIO. ET.ROSMERTAE.CARANTVS.SACRI. PRO.SALVTE.VRBI. CI.FIL.VSLM

Il ne fait guère de doute que, sous l’aspect du dieu romain protecteur du commerce et des voyages lointains, se manifeste en réalité une divinité gauloise romanisée, dont le culte à Sion pourrait remonter à la période de l’indépendance gauloise. Dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, César dit en effet, à propos des dieux gaulois du Ier siècle av. J.-C., que :

« Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure. Ses statues sont les plus nombreuses. Ils (les Gaulois) le regardent comme l’inventeur de tous les arts, comme le guide des voyageurs sur les routes, comme le plus capable de faire gagner de l’argent et prospérer le commerce. »

Un texte tardif, dit des Gloses de Berne – qui doit dater du IVème siècle de notre ère –, révèle en effet que « Mercure en langue gauloise est appelé Teutatès. Teutatès Mercure est apaisé chez les Gaulois de la manière suivante : un homme est renversé la tête la première dans une cuve pleine d’eau afin d’y être étouffé. »  Rosmerta, la parèdre de Mercure-Teutatès, est quant à elle franchement gauloise. Elle est honorée en compagnie de Mercure spécialement dans l’Est de la Gaule, et en particulier chez les Leuques, comme à Soulosse-sous-Saint-Elophe (Vosges), l’antique Solimariaca gauloise. Alors que le dieu masculin Mercure assure la liaison des affaires terrestres et célestes, la figure féminine de Rosmesta est celle qui apporte la richesse : sur une série de représentations de Gaule Belgique, c’est la déesse gauloise qui confie la bourse de la prospérité à Mercure . Le couple typiquement gallo-romain de Mercure et de Rosmesta protège ainsi non seulement le commerce et les échanges à longue distance – sous le signe desquels s’était développée l’identité spécifique du site de Sion depuis au moins la fin de l’âge du Bronze – mais aussi la prospérité individuelle et familiale. En ce sens, la personnalité maternelle et bénéfique de Rosmerta tend à préfigurer celle de la Vierge protectrice des périodes médiévale et moderne, dont Bottin dit que « de temps imémorial (…) les Lorrains vont honorer l’image de Notre-Dame de Sion, et boire l’eau de sa fontaine, pour obtenir la guérison de leurs maux, ou des consolations dans leurs peines » .

Parmi le petit mobilier métallique recueilli sur la Colline depuis le XIXème siècle, se remarquent plusieurs pièces qui confirment effectivement le caractère cultuel de la fréquentation du site de Sion à l’époque romaine. Au musée des Vosges à Epinal, sont conservées deux statuettes en bronze, l’une représentant une Victoire ailée, et l’autre un officiant tenant une patère. Ces deux figurines sont illustrées sur l’Album Bottin de 1828. De nombreuses autres paraissent avoir été trouvées anciennement à Sion : l’archéologue nancéien Jules Beaupré indique ainsi que l’abbé Garo, curé de la paroisse de Manoncourt, signala en février 1841 que plus de soixante statuettes en bronze provenant de Sion avaient été fondues par un horloger de la région « pour en faire des roues d’horloge » . Comme on l’a souligné, il est vraisemblable que la fréquentation cultuelle du site de Sion ait débuté bien avant la conquête romaine : un dessin de l’Album Bottin montre ainsi un petit sanglier de bronze représenté sur un socle rectangulaire, qui pourrait dater de la fin du second âge du Fer . Cet objet, malheureusement perdu, se rattache à un type de figuration qu’on rencontre le plus souvent associé à d’autres sculptures en métal, de type zoomorphe et/ou anthropomorphe .

Le sanctuaire gallo-romain de Sion était d’autre part probablement lié à des cultes de guérison. Une planche aquarellée de l’Album Bottin représente ainsi une jambe miniature en bronze, qui appartient à un type d’ex voto caractéristique de la période gallo-romaine. Là encore, ce petit objet est malheureusement disparu. Celui-ci indique néanmoins que, déjà à l’époque romaine, l’on venait à Sion pour obtenir la guérison de maladies ou d’affections physiques.

La partie cultuelle de la Colline de Sion était environnée d’une zone d’habitat groupé, dont la densité de constructions indique le caractère urbain. Ces habitations maçonnées étaient associées à des caves, dont plusieurs exemplaires ont été découverts successivement lors des fouilles de 1873, 1938, 1984 et 1986. L’aménagement de cet habitat semble avoir été relativement luxueux : des sols en terrazzo ont été remarqués à plusieurs reprises dans les fouilles d’Edouard Salin (1937) et Louis Déroche (1964), de même qu’en 1989, lors de l’aménagement de la « Chapelle de Lumière » voisine de la basilique. La découverte de mosaïques derrière l’hôtel Notre-Dame est signalée à l’occasion des fouilles des années 1930, mais n’est pas confirmée. Le secteur d’habitat gallo-romain débordait largement, au haut-empire, des limites topographiques du plateau de Sion. Les prospections systématiques au sol de 1985 ont permis en effet de mettre en évidence une couronne d’une demi-douzaine de sites d’habitats maçonnés, répartis de part et d’autre de la partie supérieure des pentes de la Colline (vers les lieux-dits actuels « En Marmoncel », « En Patard », « En Pennevelle » et « La Chapelotte »), de même qu’en avant de l’isthme de raccordement au plateau (vers les bâtiments de l’ancienne Ferme Parisot). Comme l’ont montré les fouilles d’Edouard Salin dans ce dernier secteur dit des « Grands Champs », il est vraisemblable que l’occupation urbaine du site de Sion ait commencé à se rétracter à l’intérieur du plateau lui-même au cours du bas-empire et de l’antiquité tardive. Le cimetière fouillé en 1937 s’était développé en effet au milieu d’une zone d’habitat périphérique située en avant du vieux rempart protohistorique. La fréquentation de la nécropole, qui a été en usage du IVème au VIème siècle, reflète certainement l’évolution de la population du bourg romain de Sion. Nous ne savons pas ce qui se passe après le VIème siècle : l’agglomération est-elle abandonnée, ou bien de nouveaux cimetières, de caractère franchement mérovingien, se développent-ils ailleurs, comme celui quiLa partie cultuelle de la Colline de Sion était environnée d’une zone d’habitat groupé, dont la densité de constructions indique le caractère urbain. Ces habitations maçonnées étaient associées à des caves, dont plusieurs exemplaires ont été découverts successivement lors des fouilles de 1873, 1938, 1984 et 1986. L’aménagement de cet habitat semble avoir été relativement luxueux : des sols en terrazzo ont été remarqués à plusieurs reprises dans les fouilles d’Edouard Salin (1937) et Louis Déroche (1964), de même qu’en 1989, lors de l’aménagement de la « Chapelle de Lumière » voisine de la basilique. La découverte de mosaïques derrière l’hôtel Notre-Dame est signalée à l’occasion des fouilles des années 1930, mais n’est pas confirmée. Le secteur d’habitat gallo-romain débordait largement, au haut-empire, des limites topographiques du plateau de Sion. Les prospections systématiques au sol de 1985 ont permis en effet de mettre en évidence une couronne d’une demi-douzaine de sites d’habitats maçonnés, répartis de part et d’autre de la partie supérieure des pentes de la Colline (vers les lieux-dits actuels « En Marmoncel », « En Patard », « En Pennevelle » et « La Chapelotte »), de même qu’en avant de l’isthme de raccordement au plateau (vers les bâtiments de l’ancienne Ferme Parisot). Comme l’ont montré les fouilles d’Edouard Salin dans ce dernier secteur dit des « Grands Champs », il est vraisemblable que l’occupation urbaine du site de Sion ait commencé à se rétracter à l’intérieur du plateau lui-même au cours du bas-empire et de l’antiquité tardive. Le cimetière fouillé en 1937 s’était développé en effet au milieu d’une zone d’habitat périphérique située en avant du vieux rempart protohistorique. La fréquentation de la nécropole, qui a été en usage du IVème au VIème siècle, reflète certainement l’évolution de la population du bourg romain de Sion. Nous ne savons pas ce qui se passe après le VIème siècle : l’agglomération est-elle abandonnée, ou bien de nouveaux cimetières, de caractère franchement mérovingien, se développent-ils ailleurs, comme celui qui a été signalé au XIXème siècle au-dessus de l’emplacement du village de Saxon ?

Récentes fouilles et sondages géophysiques :

Des sondages et des opérations de fouilles préventives ont été effectués de 1981 à 2013 par l’INRAP et l’Ecole des Mines à l’occasion des travaux d’aménagement du Rameau des Sœurs Clarisses, de l’hôtellerie, du réseau d’assainissement et de la Cité des  Paysages. Ils ont fait l’objet d’une conférence conjointe en 2015 de K Boulanger (INRAP) et J Sausse (Ecole des Mines) qui s’est déroulée en deux parties. En voci quelques extraits :

  1. Bilan de trois siècles de recherches archéologiques sur la colline de Sion

2 Ce que ces sondages et vestiges archéologiques révèlent de l’histoire de Sion ?

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